Un revenu étudiant au Sénat

La sénatrice écologiste Monique De Marco a porté mercredi 13 décembre sa proposition de loi visant à créer une allocation d’autonomie pour les étudiants. Celle-ci, d’un montant de 1092€ par mois, concernerait l’ensemble des étudiants du supérieur de 18 à 25 ans. Ainsi que des élèves de la formation professionnelle dès 16 ans d’autre part.

L’UEC salue cette proposition qui fait écho à notre revendication d’un revenu étudiant pour sortir les étudiants du salariat, première cause d’échec à l’université, et leur permettre de se consacrer pleinement à leurs études. 

Un tel revenu étudiant est nécessaire au vu de la précarité étudiante grandissante dans un contexte de forte inflation. Ainsi, la hausse des prix des denrées alimentaires (de 13,2% sur l’année 2023) et des loyers (plus d’un étudiant sur deux est mal logé) font que 29% des étudiants déclarent faire face à de fortes difficultés financières. 

Le système des bourses est aujourd’hui insuffisant par les montants alloués et  comporte des effets de seuil. Près de 44% des ressources des étudiants proviennent ainsi de leur famille d’après l’Observatoire de la Vie Etudiante. L’Etat fait donc reposer la solidarité sur les familles dont les relations sont hasardeuses et qui constituent un frein à l’autonomisation des jeunes. 

Toutefois, il convient de noter que cette allocation d’autonomie proposée par le groupe sénatorial des Écologistes ne va pas assez loin et repose sur des leviers faillibles. Notamment, celle-ci se base sur la suppression des APL, pour mettre en place un revenu uniforme. Or cette uniformité ne tient pas compte des différences de situation. Par exemple, les loyers sont très variables d’une ville universitaire à une autre, variabilité dont le calcul des APL, qui se verraient supprimer par une telle proposition, tient compte. 

En outre, pour les élèves en formation professionnelle, un tel montant versé sur 10 mois, au niveau du montant net du salaire minimum pour un apprenti de plus de 21 ans en dernière année d’apprentissage, viendrait remplacer la rémunération par les entreprises des apprentis.

Enfin, l’allocation proposée serait conditionnée au non cumul des études à une situation d’emploi (et par conséquent, à une obligation d’assiduité). Si cela semble aller dans le bon sens, le montant de l’allocation pourrait, pour des villes où la vie est particulièrement chère, maintenir des étudiants dans une situation de précarité sans possibilité de recourir à une activité salariée.

C’est pourquoi l’UEC réaffirme sa revendication d’un revenu étudiant, comportant une part fixe et une part variable, afin de permettre de faire des études une période émancipatrice et sécurisée de la vie tout en tenant compte des inégalités de condition qui touchent les jeunes. Nous revendiquons par ailleurs la rémunération des apprentis par les entreprises qui les embauchent, puisque l’Etat n’a pas à financer une main d’œuvre gratuite pour le patronat.

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